The Mythology of America
(LA MYTHOLOGIE DE L'AMÉRIQUE)
America is a land built on mythology—cowboys, open roads, and frontier dreams of prosperity. But American mythology is an ouroboros, a serpent devouring its own tail. The same capitalism that breathes life into these myths also consumes them, warping them into something progressively shinier and emptier. With each passing generation, the myth drifts further from the reality, like a copy of a copy, losing definition and truth. What was once rough and real becomes polished and packaged, a story to be sold. The open road becomes a souvenir, the frontier a theme park, and the dream a marketing slogan. Route 66 is one of the most prominent of these American myths. The open road calling, the thrill of the journey, the car as king—these ideas are woven into the very fabric of American culture. And Route 66 is the myth-space where those ideas are nurtured and set loose unto the world.
In Europe and Asia, culture is shaped by time—a rich, deeply layered tapestry woven from centuries of history. But America's culture is shaped by space, a vast and violently unrelenting space. America's mythology is built not on ancient ruins or royal bloodlines, but on the open road, on the promise of motion, escape, and reinvention. Freedom, in the American imagination, is a highway stretching endlessly toward the horizon. Yet, like many myths, this one is built on contradictions and impossibilities. The road that symbolizes boundless opportunity was never open to everyone. For the poor, for the marginalized, and for those intentionally and systemically excluded from the American dream, this freedom was always a conditional—perhaps even fantastical—notion. And yet, the myth endures.
L'Amérique est un pays construit sur des mythes—ceux des cowboys et des routes sans fin, des rêves de liberté et des possibilités infinies. Mais la mythologie américaine est comme un serpent qui se mord la queue. Le même capitalisme qui crée ces mythes les détruit aussi, en les transformant en quelque chose de plus brillant mais de plus vide. À chaque génération, le mythe s'éloigne un peu plus de la réalité, comme une copie qui perd en clarté à force d'être reproduite. Ce qui était autrefois brut et authentique devient lisse et commercialisé, une histoire à vendre. La route ouverte devient un souvenir, la frontière devient un parc à thème, et le rêve devient un slogan publicitaire. La Route 66 est l'un des plus grands de ces mythes américains. L'appel de la route libre, l'excitation du voyage, la voiture comme symbole de liberté—ces idées font partie de la culture américaine. Et la Route 66 est l'endroit où ces idées prennent vie et continuent de nourrir le mythe.
En Europe et en Asie, la culture est façonnée par le temps—par des siècles d’histoire et de traditions. Mais en Amérique, c’est l’espace qui façonne la culture, un espace immense et sans pitié. La mythologie américaine ne vient pas de ruines anciennes ou de lignées royales, mais de la route ouverte, de la promesse de mouvement, de liberté et de nouveau départ. La liberté, pour les Américains, c’est une route qui semble continuer sans fin vers l’horizon. Mais comme tous les mythes, celui-ci est plein de contradictions. La route qui représente des possibilités infinies n’a jamais été ouverte à tout le monde. Pour les pauvres, les exclus, et ceux qui n'ont jamais eu accès au rêve américain, la liberté a toujours été limitée, peut-être même une illusion. Et pourtant, le mythe continue d’exister.


The symbol of a murder weapon
(LE SYMBOLE D'UNE ARME DU CRIME)
The ruins of Route 66 tell a story not just of abandonment, but of execution. These crumbling homes and shuttered businesses weren’t simply left behind by accident; they were casualties of progress, victims of the same capitalist momentum that now dots the landscapes with shipping containers marked "Prime." The Eisenhower Interstate System wasn’t just an innovation; it was the hangman's noose on the neck of Route 66, strangling the economies of small towns in the name of streamlining commerce and paving the way for the globalization-to-come. What remains are the remnants of a world that couldn’t survive, standing in the shadows of the very forces that killed it.
Les ruines de la Route 66 ne racontent pas seulement une histoire d'abandon, mais aussi d'exécution. Ces maisons en ruine et ces commerces fermés n'ont pas été laissés à l'abandon par hasard—ce sont des victimes du progrès, frappées par le même capitalisme qui couvre aujourd'hui les paysages de conteneurs marqués "Prime." Le réseau autoroutier d'Eisenhower n'était pas seulement une innovation ; c'était le coup de grâce pour la Route 66, étranglant les économies locales au nom de l'efficacité, rationalisant le commerce et préparant le terrain pour la mondialisation à venir. Ce qui reste aujourd'hui, ce sont les vestiges d'un monde qui n'a pas su suivre le rythme, se tenant dans l'ombre des forces qui l'ont remplacé.


Corpus Delicti
The crime is long past, but the evidence remains. Shattered windows, collapsing roofs, and hollowed-out buildings—each bears witness to what once was. These ruins are the body of the crime—corpus delicti—proof that the world that once thrived along Route 66 was not simply forgotten, but violently and systematically dismantled by intentional forces. Progress has no need for nostalgia; that's what the souvenir shops are for.
Le crime est passé, mais les preuves sont toujours là. Fenêtres brisées, toits effondrés, bâtiments vides—chacun est un témoin silencieux, une relique de ce qui existait autrefois. Ces ruines sont le corps du crime, la preuve que le monde qui prospérait le long de la Route 66 n’a pas simplement été oublié, mais bien démantelé, de manière violente et systématique, par des forces intentionnelles. Le progrès n’a pas besoin de nostalgie ; c’est pour ça que la boutique de souvenirs existe.
The Only Truth
(LA SEULE VÉRITÉ)
Everything along Route 66 fades. The buildings crumble, the neon signs flicker out, and the trinkets and mementos gather dust in forgotten—almost notional—roadside shops. The myth dissolves into something cheap, mass-produced, and marked "made in China," neatly repackaged for tourists chasing a past that never truly existed. But the land remains. It doesn’t need to be preserved in memory because it never left. The vast deserts, the brooding mountains, the endless skies split open by light and shadow—this is the only truth of Route 66, the one thing that endures long after the road and everything built upon it has begun to vanish.
Tout disparaît le long de la Route 66. Les bâtiments s’effondrent, les néons s’éteignent, et les souvenirs prennent la poussière dans des boutiques presque oubliées. Le mythe se transforme en quelque chose de bon marché, fabriqué en masse, vendu aux touristes en quête d’un passé qui n’a jamais vraiment existé. Mais la terre reste. Elle n’a pas besoin d’être gardée en mémoire car elle n’a jamais disparu. Les déserts immenses, les montagnes sombres, les ciels sans fin traversés de lumière et d'ombre—c’est ça, la vérité de la Route 66. La seule chose qui reste, bien après que la route et tout ce qui y était construit aient commencé à disparaître.


A Surviving WITNESS
(UN TÉMOIN QUI SURVIT)
The railroad predates Route 66, and yet, it still runs parallel to it, like an older sibling watching over the grave of a deceased brother or sister. While the road came and went, swallowed by progress and shifting economies, the trains still roll on, indifferently. In the ruins of Route 66, the railroad remains, a reminder that commerce—not the human experience—is what truly endures in this society.
Le chemin de fer existait avant la Route 66, et pourtant, il continue de courir en parallèle, comme un grand frère veillant sur la tombe d’un frère ou d’une sœur disparu. La route est venue puis a disparu, avalée par le progrès et les changements économiques, mais les trains continuent de passer, sans émotion. Parmi les ruines de la Route 66, le chemin de fer reste là, rappelant que dans cette société, ce qui survit vraiment, ce n’est pas l’expérience humaine—ni même la mémoire—mais le commerce.
An Artistic Interrogation: An Emergence of a New Humanity on Route 66
(UNE INTERROGATION ARTISTIQUE : L'ÉMERGENCE D'UNE NOUVELLE HUMANITÉ SUR LA ROUTE 66)
Route 66 exists in the collective imagination as a monument of mid-century modernist aesthetics—sleek neon, streamlined futurism, and the shiny veneer of American exceptionalism. But scattered along the ruins of this cultural facade, a new visual language emerges, one that rejects the saccharine flavor of nostalgia and interrogates the myth of Route 66 and American exceptionalism itself.
This is an art of subversion that deconstructs the commodified iconography of American road trip culture and replaces it with something raw and deeply critical. It manifests in site-specific and viewer participatory installations, assemblage sculpture, and unsanctioned interventions that reclaim space from the ruins and use the detritus of consumer culture as media. The stylistic influences of pop art, brutalism, and détournement coalesce into an aesthetic of resistance—bold, anarchic, and unapologetically vernacular.
Rather than reinforce the mid-century utopianism and American exceptionalism that once defined Route 66, this art tears away the veil and exposes the contradictions. It's an outright rejection of the myth in favor of a new narrative, one that acknowledges the displacement, erasure, and economic violence lurking beneath the romanticized veneer. This work does not seek to memorialize Route 66, but to unravel it, interrogate it, and, ultimately, reclaim it as a space of authentic human expression—to steal the myth back from the clutches of late-stage capitalism and once again breathe life and humanity into the route, not as a commodified fantasy, but once again as a living, evolving human narrative.
La Route 66 existe depuis longtemps dans l'imaginaire collectif comme un monument à l'esthétique moderniste du milieu du siècle dernier—néons élégants, futurisme épuré et vernis brillant de l'exceptionnalisme américain. Mais au milieu des ruines de cette façade culturelle, un nouveau langage visuel apparaît, un langage qui rejette le goût sucré de la nostalgie et interroge le mythe de la Route 66 ainsi que l'exceptionnalisme américain lui-même.
C’est un art de la subversion, qui déconstruit l’iconographie aseptisée de la culture du road trip américain et la remplace par quelque chose de brut et de profondément critique. Il prend forme dans des installations spécifiques aux lieux et participatives, des sculptures en assemblage, et des interventions non autorisées qui réapproprient l'espace des ruines et utilisent les déchets de la culture de consommation comme médium. Les principes stylistiques du pop art, du brutalisme et du détournement se rejoignent pour créer une esthétique de résistance—audacieuse, anarchique et résolument vernaculaire.
Au lieu de renforcer l’utopisme des années 50 et l'exceptionnalisme américain qui ont autrefois défini la Route 66, cet art en expose les contradictions. C’est un rejet du mythe en faveur d'une nouvelle histoire—une histoire qui reconnaît le déplacement, l'effacement et la violence économique cachés sous le vernis romantisé. Ce travail ne cherche pas à commémorer la Route 66, mais à la déconstruire, à l'interroger et, finalement, à la réapproprier comme un espace d'expression humaine authentique—à reprendre le mythe des griffes du capitalisme tardif et à redonner vie et humanité à la route, non pas comme un fantasme commercialisé, mais comme une histoire humaine vivante et en évolution.
Half-Baked Revitalization Efforts, Boring Museums, and Tacky Murals
(EFFORTS DE RÉNOVATION INACHEVÉS, MUSÉES ENNUYEUX ET FRESQUES KITSCH)
The towns that remain along Route 66 exist in a strange state of limbo—caught between nostalgia and neglect, between half-baked and half-hearted attempts at revitalization and the slow, inevitable march of decay. These are places where the past is repackaged in vulgar, cartoonish murals and boring museums, where the myth of Route 66 is force-fed to tourists in a desperate bid for relevance and commerce. But beneath all the kitsch and the cracked paint, there is something raw, something unvarnished—the violent ugliness and quiet banality of life in these increasingly forgotten spaces. My photographs do not romanticize these places. They strip away the fantasy and confront what remains.
Les villes qui subsistent le long de la Route 66 existent dans un étrange état de limbo—prises entre nostalgie et abandon, entre des tentatives de revitalisation inachevées et sans conviction, et la lente marche inévitable de la dégradation. Ce sont des lieux où le passé est recyclé en fresques vulgaires et caricaturales, et en musées ennuyeux, où le mythe de la Route 66 est servi de force aux touristes dans un effort désespéré de rester pertinents et d’attirer le commerce. Mais sous le kitsch et la peinture écaillée, il y a quelque chose de brut, de non verni—la laideur violente et la banalité silencieuse de la vie dans ces endroits de plus en plus oubliés. Mes photos ne cherchent pas à romantiser ces lieux. Elles arrachent le voile du fantasme et confrontent ce qui reste.
And Yet, Despite All This, The Open Road Still Beckons
(ET POURTANT, MALGRÉ TOUT, LA ROUTE OUVERTE CONTINUE D'APPELER)
Despite all these shattered dreams and all this economic violence, despite the emptiness of these myths, there remains something infinitely alluring about Route 66 and the idea of the open road. It calls out to us, promising freedom and opportunity. We know, deep down, that it's illusory, but the myth is too strong and too deeply embedded in our psyches to resist.
Malgré tous ces rêves brisés et cette violence économique, malgré le vide de ces mythes, il reste quelque chose d'infiniment attirant dans la route ouverte. Elle nous appelle, promettant liberté et opportunité.